Maroc, Rabat, 2022.
PUISQUE L'OCÉAN LE PREND
Une photographie signée par Sébastien Di Silvestro
A l'heure rouge, les voitures s'alignent au bord de la plage. Le rap, la pop et le chaabi marocains se frictionnent les watts. Parfois on échange des baisers furtifs, quelques Spéciales, du thé, de la fumée, ou rien, le regard sur l'horizon, sans mettre le nez dehors, cloitré en bagnole, le pneu sur le sable chaud face à l'océan immense. Ailleurs, plus loin, les classes aisées, les expatriés et les touristes louent des transats at the beach au grand air, avec mix live et rosés bien frais. Mais pour la jeunesse populaire, « faut se faire plus discret », passer sous les radars hautes fréquences des connaissances, des voisins et des familles traditionnelles qui étendent leurs antennes sur tout l'espace ouvert. Alors comme partout où le regard incline, la tire tient ici du refuge dans le compromis, en invoquant une sorte d'extension - mobile et transparente - d'une sphère privée que les jeunes ne possèdent nulle part. Pour la forme, chacun reste chez soi, là, au bord de l'océan. Et parce qu'ici que tout le monde joue le jeu, l'ambiance peut monter avec l'échauffement des tôles et la permission des vagues. Comme ça, mi enfermé mi dehors par le regard sans limites, on peut gentiment s'encanailler. Selon le fumage des vitres et sa propre définition.
Dans les dernières lueurs, un jeune homme et une jeune fille se fondent dans les bras, deux jeunes types se parlent de plus en plus près jusqu'au murmure. Là, dans le bleu, deux auxiliaires des forces de sécurité en civil, écoutent des musiques du monde avec le haut-parleur du téléphone, parlent un peu sérieusement du métier « dur », « très dur », qu'ils aiment « pour la patrie et le drapeau », la rigueur d'une mission qui exige bien plus qu'un simple job. Entre deux silences étendus, ils rient un peu aussi, mangent un peu, et fument lentement, avec précision. Plus loin, trois étudiants planifient l'avenir juste à côté de bodybuilders qui cherchent à s'en créer un en suant toute leur volonté. Quatre Marocs, quatre réalités de la vingtaine en relations, distantes de quelques mètres, dans une même atmosphère de profondeurs tangibles. Plus loin, un homme d'une cinquantaine d'année, étonnamment élégant sous un sweet à capuche rouge qui le dissimule, est assis bien tranquillement en fumant un joint dans le vent. Sa femme l'attend dans la voiture. Le caractère du lieu, son point cardinal, ne tient pas qu'à une vue sur la flotte sans fin mais bien à cette pratique naturelle d'un interstice urbain dont l'inachèvement fait peut-être l'attrait. Une sorte de yes man's land tout autant organisé que spontané. Dans cette capitale, véritable Washington du Maghreb ou tout se tient avec la circonspection indispensable à la proximité des centres de décision, on vient respirer amplement dans le grand bleu de la corniche. Se promener avec légèreté, partager, se frôler à l'ombre miroir ou se dire muettement contre le fracas des vagues. Ressentir, ressasser, regarder loin, devenir plus fort, s'avouer aux limites ou loin des figures imposées, simplement, tout laisser filer. Puisque l'océan le prend.
Tirage sur papier Satiné, papier haute qualité de musée à forte longévité
Dimensions de le photographie 60 x 90 cm
Options : cadre baguette noire 90 X 120 cm avec choix de couleur de passe-partout.
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Livraison à domicile à j+7 jours ouvrés
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MOROCCO, RABAT, 2022.
SINCE THE OCEAN TAKES IT
A photograph signed by Sébastien Di Silvestro
Printed on Satin paper, a high quality museum paper with a long life span
Size of the photograph alone: 60 x 90 cm
Black frame option 90 x 120 cm: with choice of matting colour
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